1- La Princesse couleur de rose, et le prince Celadon, Conte. La Haye, 1743. (4), 251 p., (1) f. bl. [suivi de] : 2- La Princesse Lionnette et le prince Coquerico, Conte. La Haye, 1743. (2), 263 p., (1) f. bl.

2 ouvrages reliés en un volume in-12 (161 x 92 mm), plein veau porphyre fauve de l'époque, dos lisse richement orné de compartiments fleuronnés et cloisonnés, pièce de titre de maroquin bordeaux, plats encadrés d'un triple filet doré et armes dorées au centre, filet sur les coupes, roulette sur les chasses, tranches dorées sur marbrures. Edition originale de ces deux contes de Marguerite de Lubert (1702-1785). Fille de magistrat, proche de Fontenelle et de Voltaire qui l'appelait familièrement "Muse et Grace", elle a fait partie du cercle intime de Mme de Graffigny. Selon Raymonde Robert, elle aurait appartenu à la société savante des Ricovrati de Padoue, la seule à accepter des femmes. Si sa production est diversifiée, la postérité a essentiellement retenu les contes. Sous des aspects anodins, la critique moderne a mis en évidence le caractère fortement transgressif et licencieux de ces contes: travestissement et transsexualité, bestialité, fétichisme, homosexualité saphique: "En faisant de la monstruosité le code et la mesure du potentiel érotique des personnages, les figures masculines sont hors du champ du désir. Les personnages féminins, par contre, permettent un échantillonnage assez complet des différentes tendances sexuelles" (cf. M. Duggan, 'Le potentiel érotique dans les contes de Mlle de Lubert', "Sexualité, mariage et famille au XVIIIe siècle", p. 61 sq., U de Laval, 1998). Très bel exemplaire, reliure aux armes du duc d'Aumont. Louis-Marie-Augustin de Rochebaron, duc d'Aumont (1709-1782), pair de France, Premier gentilhomme de la Chambre du Roi, lieutenant-général des armées du Roi. Il est réputé pour son importante collection d’oeuvres d'art et de livres. "Il avait formé de magnifiques collections d’objets d’art et de livres avec un soin et une patience remarquables ; la plupart des reliures, faites de maroquin ou de veau marbré, sortaient des mains de Padeloup” (O.H.R., pl. 364). Cet exemplaire passa ensuite dans la bibliothèque de Marius-Jean-Baptiste-Nicolas d’Aine (1730-1795), conseiller et maître des requêtes ordinaire de l’hôtel du roi, intendant du Limousin, du Béarn et de Touraine, avec son grand ex-libris gravé et armorié.