2 tomes en 16mo, reliure editorial jacquette, coffret. 1839. pp.1866. "Le roi des romanciers modernes, c'est une femme" , dÈclare Jules Janin, prince des critiques. Certes, il s'agit pour lui d'Ùter sa couronne ‡ Balzac, dont il n'a pas aimÈ Illusions perdues. Mais son admiration pour George Sand (car c'est elle, "le roi") est sincËre, et partagÈe : par Balzac lui-mÍme, puis par Flaubert, qui comparera son amie ‡ un grand fleuve d'AmÈrique : "EnormitÈ et Douceur". Voil‡ ce que fut la romanciËre pour ses contemporains. On est loin de la considÈration rÈticente dont se contentera longtemps la postÈritÈ, avant que le vent ne tourne de nouveau, en faveur cette fois de l'oeuvre, soutenue par une personnalitÈ qui rayonna sur plusieurs scËnes littÈraire, politique, sociale. Sand a publiÈ plus de soixante-dix romans. Les quinze que voici ont ÈtÈ choisis pour leurs qualitÈs propres et parce qu'ils illustrent ses diffÈrentes maniËres. Indiana, immense succËs, est le premier qu'elle signe de son nom de plume. Le roman-poËme de LÈlia - rÈvolte mÈtaphysique et sexualitÈ fÈminine en 1833 - fait scandale. Mauprat Èchappe aux qualificatifs ou les mÈrite tous : roman historique, familial, d'amour, d'aventures, noir, humanitaire, social. Pauline est un "roman de l'artiste" , veine ‡ laquelle appartient aussi, le diptyque constituÈ de Lucrezia Floriani et du Ch‚teau des DÈsertes. Isidora surprend par sa modernitÈ, forme et fond. Le triptyque champÍtre, La Mare au Diable, FranÁois le Champi, La Petite Fadette, fait de Sand une pionniËre de l'ethnographie et de l'ethnolinguistique, et de l'ethnomusicologie si l'on y ajoute Les MaÓtres sonneurs. Dans Elle et lui passe l'ombre de Musset. (Pour celle de Chopin, voyez Lucrezia.) La Ville noire est un roman "industriel" ‡ la fois rÈaliste et utopiste. Juste avant Voyage au centre de la Terre, Laura, voyage dans le cristal dÈbusque le fantastique au coeur de la science. Nanon enfin rÈcrit l'histoire de la RÈvolution en donnant la parole ‡ une paysanne. "Je fais des romans, parce que c'est une maniËre de vivre hors de moi" , dit Sand, prompte ‡ se glisser "dans la peau de [s]es bonshommes" , comme elle appelle ses personnages. L'essentiel pour elle est dans le mouvement vers l'autre, quÍte inquiËte et patiente ; ce qu'avait bien senti Janin, qui voyait en elle l' "un de ces grands esprits plein d'inquiÈtudes qui cherchent leur voie" . Quadriller le monde social est nÈcessaire, non suffisant. Si le roman est un plaidoyer (pour les femmes, contre les lois du mariage, pour la justice.), le bon roman exige que soient mÍlÈs "le rÈel et le poÈtique" . Ainsi naÓt le romanesque, principe de libertÈ : c'est l'artiste qui crÈe le rÈel, "son rÈel ‡ lui" . Le roman chez Sand a un effet sur "l'emploi de la vie" . De lumineuses figures de femmes y mËnent un combat pour l'idÈal. Vaste dessein. Flaubert (comme toujours) avait raison : ÈnormitÈ et douceur. 1839. "Le roi des romanciers modernes, c'est une femme" , dÈclare Jules Janin, prince des critiques. Certes, il s'agit pour lui d'Ùter sa couronne ‡ Balzac, dont il n'a pas aimÈ Illusions perdues. Mais son admiration pour George Sand (car c'est elle, "le roi") est sincËre, et partagÈe : par Balzac lui-mÍme, puis par Flaubert, qui comparera son amie ‡ un grand fleuve d'AmÈrique : "EnormitÈ et Douceur". Voil‡ ce que fut la romanciËre pour ses contemporains. On est loin de la considÈration rÈticente dont se contentera longtemps la postÈritÈ, avant que le vent ne tourne de nouveau, en faveur cette fois de l'oeuvre, soutenue par une personnalitÈ qui rayonna sur plusieurs scËnes littÈraire, politique, sociale. Sand a publiÈ plus de soixante-dix romans. Les quinze que voici ont ÈtÈ choisis pour leurs qualitÈs propres et parce qu'ils illustrent ses diffÈrentes maniËres. Indiana, immense succËs, est le premier qu'elle signe de son nom de plume. Le roman-poËme de LÈlia - rÈvolte mÈtaphysique et sexualitÈ fÈminine en 1833 - fait scandale. Mauprat Èchappe aux qualificatifs ou les mÈrite tous : roman historique, familial, d'amour, d'aventures, noir, humanitaire, social. Pauline est un "roman de l'artiste" , veine ‡ laquelle appartient aussi, le diptyque constituÈ de Lucrezia Floriani et du Ch‚teau des DÈsertes. Isidora surprend par sa modernitÈ, forme et fond. Le triptyque champÍtre, La Mare au Diable, FranÁois le Champi, La Petite Fadette, fait de Sand une pionniËre de l'ethnographie et de l'ethnolinguistique, et de l'ethnomusicologie si l'on y ajoute Les MaÓtres sonneurs. Dans Elle et lui passe l'ombre de Musset. (Pour celle de Chopin, voyez Lucrezia.) La Ville noire est un roman "industriel" ‡ la fois rÈaliste et utopiste. Juste avant Voyage au centre de la Terre, Laura, voyage dans le cristal dÈbusque le fantastique au coeur de la science. Nanon enfin rÈcrit l'histoire de la RÈvolution en donnant la parole ‡ une paysanne. "Je fais des romans, parce que c'est une maniËre de vivre hors de moi" , dit Sand, prompte ‡ se glisser "dans la peau de [s]es bonshommes" , comme elle appelle ses personnages. L'essentiel pour elle est dans le mouvement vers l'autre, quÍte inquiËte et patiente ; ce qu'avait bien senti Janin, qui voyait en elle l' "un de ces grands esprits plein d'inquiÈtudes qui cherchent leur voie" . Quadriller le monde social est nÈcessaire, non suffisant. Si le roman est un plaidoyer (pour les femmes, contre les lois du mariage, pour la justice.), le bon roman exige que soient mÍlÈs "le rÈel et le poÈtique" . Ainsi naÓt le romanesque, principe de libertÈ : c'est l'artiste qui crÈe le rÈel, "son rÈel ‡ lui" . Le roman chez Sand a un effet sur "l'emploi de la vie" . De lumineuses figures de femmes y mËnent un combat pour l'idÈal. Vaste dessein. Flaubert (comme toujours) avait raison : ÈnormitÈ et douceur.